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Eglise Saint-Loup (ancienne église Saint-Ignace) :


Cette église monumentale de style baroque fut construite de 1621 à 1645 pour le collège et la résidence des Jésuites. Après la suppression de la Compagnie de Jésus, elle devint église paroissiale (1777) en remplacement d'une église Saint-Loup, située place du Marché-aux-Légumes qui fut démolie et dont elle prit le titre. Elle a subi d'importants travaux de restauration qui ne sont pas totalement terminés. C'est le plus beau monument de la ville, oeuvre du frère jésuite brugeois Pierre Huyssens, auteur notamment des églises Saint-Charles Borromée d'Anvers et Saint-Walburge (anciennement Saint-François-Xavier) de Bruges. Elle répond parfaitement au programme architectural qui découlait de la Contre-Réforme catholique : accueil des fidèles jusqu'au choeur, dégagement des autels, visibilité, beauté du décor, accent mis sur les autels, le banc de communion, les confessionnaux, la chaire de vérité, meubles indispensables à la conception nouvelle de la liturgie (exaltation de l'Eucharistie, du pardon des fautes, de la Parole de Dieu).

L'implantation de Saint-Loup est commandée par son insertion dans un îlot anciennement bâti. L'absence de dégagement est compensée par un escalier qui l'élève au-dessus du va-et-vient de la rue. La façade, inspirée du baroque romain, a dû être reconstruite à l'identique (1865-1867), la pierre calcaire mosane primitive étant trop fragile. Elle se compose de trois niveaux nettement séparés par des entablements, dont l'horizontalisme est largement compensé par la verticale des pilastres annelés. Deux ailerons à volutes latérales portant des vases adoucissent à leur tour la verticalité du deuxième registre où s'ouvre une haute fenêtre au fronton curviligne. Le troisième registre s'orne d'un cartouche portant le monogramme de la Compagnie, (IHS (Iesus Hominum Salvator, Jésus Sauveur des hommes) et supporte un fronton aveugle surmonté de la croix. De part et d'autre de l'entrée, deux niches ornées du même type de fronton abritent les statues en bois peint des saints jésuites François-Xavier et François Borgia.

Un sas vitré permet de découvrir la beauté théâtrale de l'intérieur de l'édifice. Les travaux lui ayant rendu toute sa luminosité, les mots célèbres de Baudelaire ne sont plus d'actualité : « Saint-Loup, merveille sinistre et galante (...) terrible et délicieux catafalque ». Le poète s'écroula, atteint par le mal qui devait l'emporter, sur les marches du parvis. Le plan est rectangulaire. Les colonnes ioniques de marbres de couleur, au fût bagué, déterminent trois nefs de six travées. Les voûtes abondamment sculptées de cartouches, de fleurs, de fruits, de ramilles sont taillées dans le tuffeau tendre de Maastricht. Techniquement parlant, elles constituent une première dans les Pays-Bas. En effet, en forme de berceau à lunettes, elles sont soutenues par des tirants métalliques qui les ancrent en divers points de la maçonnerie. La lumière est un élément capital qui fait vivre le décor. Le mobilier baroque, en cours de restauration, est fastueux, particulièrement le banc de communion et les confessionnaux. Ils sont l'oeuvre d'ébénistes, de menuisiers et de marbriers namurois restés anonymes, en dépit des recherches. Dans les confessionnaux s'affirment un sens des proportions, une délicatesse de ciseau et une variété d'ornementation remarquables, bien qu'ils soient de mains différentes. Cinq des tableaux du peintre jésuite Nicolaï (1605-1678) qui ornaient l'église s'y trouvent encore, d'autres ayant été transférés à la cathédrale. Cette magnificence fut plus le propre de la personnalité de l'architecte que de la Compagnie de Jésus, qui finit par interdire au frère Huyssens de bâtir encore pour elle, en raison précisément de sa prodigalité dans l'emploi de matériaux coûteux. A l'arrière de l'église se trouve un clocher massif car inachevé, implanté derrière l'abside. Le long de la façade latérale, on admirera le jeu des arcs-boutants qui soutiennent la nef centrale, rappelant les ailerons à volutes de la façade. Au-dessus de la porte de la sacristie, un groupe du XVIe siècle représente Véronique essuyant le visage du Christ pendant la montée au calvaire (rue de l'Ouvrage).


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