Bruxelles apparaît à la fin du 10e siècle lorsque
Charles, duc de Basse-Lotharingie, s'y installe et s'y fait construire un
château dans l'île St-Géry, formée par les bras d'une petite rivière, la
Senne. Le site est marécageux : il est nommé Bruocsella, mot franc
signifiant « établissement dans les marais ».
Bruxelles devient une étape commerciale entre Cologne et la Flandre
tandis que se développe la draperie.
Signe de prospérité, l'église St-Michel, édifiée sur une colline, prend le
titre de collégiale en 1047 ; elle est placée alors sous l'invocation de
sainte Gudule, vierge dont la piété triomphe du diable qui éteint sa
lanterne lorsqu'elle se rend à ses dévotions.
Les premiers remparts s'élèvent au 12e siècle. Une
nouvelle enceinte est construite de 1357 à 1379. Détruite sur ordre de
Napoléon, elle est marquée de nos jours par la couronne de boulevards
appelée Petite Ceinture. Des sept portes fortifiées, il ne reste que la
porte de Hal, au Sud.
Durant tout le Moyen Age, des conflits opposent artisans et bourgeois,
mais la commune reste fidèle à son prince.
Au 15e siècle, sous l'impulsion de la bourgeoisie
marchande et des ducs de Bourgogne, Bruxelles s'adonne aux arts. On y
érige un magnifique hôtel de ville, orné de peintures de Rogier Van
Weyden (détruites en 1695).
Dès la fin du siècle, la tapisserie de Bruxelles produit des oeuvres
remarquables.
Au 16e siècle, la ville fête l'avènement de Charles
Quint qui est couronné à Ste-Gudule en 1516. la gouvernante Marie de
Hongrie s'installe en 1531 à Bruxelles qui remplace peu à peu Malines
comme siège du gouvernement central des Pays-Bas. C'est au palais du
Coudenberg que Charles Quint abdique en octobre 1555, transmettant à son
fils Philippe II ses pouvoirs sur les Pays-Bas.
Sous Philippe II, Bruxelles est mêlée aux troubles religieux du
16e siècle : ses bourgeois protestent par les armes
contre le régime espagnol symbolisé par le duc d'Albe. En 1568,
l'échafaud du comte d'Egmont et celui de son compagnon, le comte de
Hornes, se dressent sur la Grand-Place. Egmont, capitaine général des
Flandres, avait été condamné pour avoir soutenu le comte de Hornes et
Guillaume de Nassau dans la révolte des Pays-Bas contre Philippe II.
En 1575, la ville, qui s'était affranchie de la tutelle espagnole, est
reprise par Farnèse. En 1695 la guerre de la Ligue d'Augsbourg vaut à
Bruxelles d'être assaillie par le maréchal français de Villeroi sur
l'ordre de Louis XIV qui veut ainsi dégager Namur assiégée. Du centre de
la ville, il ne reste que des ruines. Un grand effort de reconstruction
est réalisé.
Après le passage du gouverneur Charles de Lorraine qui contribue à son
embellissement, Bruxelles devient, sous la domination française, en 1795,
chef-lieu du département de la Dyle. Elle reprend en 1815 son rôle de
capitale qu'elle partage en alternance avec La Haye pendant 15 ans.
Bruxelles ne compte plus les célébrités françaises qu'elle a hébergées au
19e siècle. Le peintre Jacques-Louis David, proscrit en
1816, y passe les dix dernières années de sa vie. C'est le lieu de
rassemblement des politiciens français s'opposant à Napoléon III :
Barbès, Proughon, Blanqui, Victor Hugo séjourne sur la Grand-Place en
1852 ; Baudelaire effectue là - sans succès - une série de conférences en
1864 ; c'est aussi tout près de la Grand-Place, en 1873, que Verlaine
tire sur Rimbaud qui menaçait de l'abandonner ; il sera incarcéré à la
prison de l'Amigo, puis à Mons.
A la suite de la Révolution de 1830 marquée par les « Journées de
septembre » à Bruxelles, les provinces belges sont séparées de la
Hollande. Le pays devient indépendant ; c'est le royaume de Belgique avec
pour capitale Bruxelles où le roi Léopold Ier fait son
entrée solennelle le 21 juillet 1831 (depuis lors, le 21 juillet est le
jour de la fête nationale).
A partir de 1830 et particulièrement à la fin du siècle, la ville prend
un essor considérable. 1834 marque la fondation de son Université libre.
C'est de la gare de l'Allée verte qu'à lieu, en 1835, la première liaison
ferroviaire d'Europe (Bruxelles-Malines). En 1859 est érigée la colonne
du Congrès commémorant le Congrès National qui promulgua la première
Constitution belge.
De nombreuses maisons bruxelloises ont été laissées à l'abandon et des
centaines d'autres détruites à des fins de spéculation. Un des exemples
les plus retentissants de cette pratique fut la démolition de la très
célèbre Maison du Peuple de Horta dans les années 1960. Même un concert
de protestations internationales n'y fit rien. Certains quartiers
populeux, dont le quartier Nord et le quartier de l'Europe, furent
complètement rasés. Des constructions nouvelles, tout en hauteur,
supplantèrent les anciennes. L'aménagement de la jonction ferroviaire
souterraine entre les gares du Midi et du Nord (1911-1914 et 1935-1952)
changea profondément l'aspect du quartier situé entre la ville haute et
basse. On y érigea de nombreux immeubles et des complexes de bureaux dont
la Banque Nationale, de Marcel van Goethem, et la Cité administrative
(Groupe Alpha, 1958-1984). La physionomie du Mont des Arts s'en trouva
bouleversée. Sur le plateau du Heysel, les palais du Centenaire, datant
de 1935 furent, construits pour l'Exposition universelle. 1958, année de
la deuxième Exposition universelle tenue au heysel, vit la construction
de l'Atomium et le percement des tunnels de la Petite Ceinture. Depuis
lors, une pléthore d'édifices ont contribué à la modernisation de la
ville : l'immeuble de la BBL (1959) sur l'avenue Marnix, la bibliothèque
royale (1969), le centre européen du Berlaymont (1969) et le musée d'Art
moderne (1973-1984). La faculté de médecine de l'Université catholique de
Louvain est implantée à Woluwe-St-Lambert. Lucien Kroll y construit la
multicolore Mémé (Maison médicale) et station de métro Alma. A
Watermael-Boitsfort, quelques immeubles de bureaux remarquables jalonnent
la chaussée de La Hulpe et le boulevard du Souverain : l'immeuble
circulaire de Glaverbel (1963), le siège de la Royale Belge (1966-1967
et 1985) et le siège de la société CBR (1968-1970), caractérisé par sa
façade ajourée.
La mentalité change progressivement sur le plan urbanistique, notamment
sous l'impulsion de nombreux comités de quartier et d'organisations comme
l'ARAU (Atelier de Recherche et d'Action Urbaines) et le
Sint-Lukasarchief. A l'exception de l'îlot Sacré, le coeur historique de
la ville aux abords de la Grand-Place, où de nombreuses maisons anciennes
ont été conservées, plusieurs quartiers bruxellois ont été rénovés. De
nombreux édifices ont par ailleurs été restaurés : la Monnaie, le
Botanique, le Kaaitheater, les Halles de Schaerbeek, l'église
Notre-Dame-de-la-Chappelle, l'église Ste-Marie, la cathédrale des
Sts-Michel-et-Gudule, l'ancienne caserne des pompiers de la place du
Jeu-de-Balle, les studios du Kaaitheater, l'Old England...
Outre une série d'immeubles gigantesques dans le quartier Nord
(complexe Baudouin, North Gate, etc...), le quartier de l'Europe (Parlement
européen) et le quartier du Midi (terminal TGV), on relève aussi quelques
beaux projets de moindre envergure, comme les complexes d'habitations et
de commerces édifiés dans la rue de Laeken et la rue du Marché-au-Charbon.