Le château fut toujours place, stratégique, ce qui lui valut d'être
maintes fois assiégé.
En 1445, une bande d'écorcheurs français, sous les ordres du capitaine
Nadonnet, vient prendre ses quartiers au château. C'est que le seigneur
de Rochefort - Evrard de la Marck - s'oppose haut et clair au Duc de
Bourgogne Philippe le Bon... Munitions, bombardes, machines de guerre sont
installées dans la place.
L'évêque de Liège tente en vain d'apaiser la Marck et doit finalement se
résoudre à mettre le siège devant la forteresse. Après quelques jours de
guerre, Nadonnet se laisse acheter, abandonne la place et est reconduit
en France.
L'issue est tout autre le 21 mars 1651, en pleine guerre entre la France
et l'Espagne, quand Latour, un colonel lorrain au service des Espagnols,
surprend la ville et le château. Il y installe une garnison pendant plus de
Trois mois. C'est une rude occupation que celle-là...
En février 1653, en revanche, le siège devant Rochefort par les troupes
de Condé (c'est le comte de Duras qui les commande) est un échec pour les
Français : on dit que les femmes et des enfants leur enlèvent deux
canons, qui ne seront rendus que contre un officier français, laissé en
gage...
La même année, le 12 juin, un nouveau siège est infructueux pour les
troupes de Duras, qui se vengent sur Etrave et Behogne.
C'est, en 1674, des troupes impériales qu'il faut loger dans la
basse-cour du château : le comte de Bucquoy, au service de l'Empire,
avait vu d'un mauvais oeil le passage des troupes de Condé par le comté,
deux ans auparavant. La neutralité « perméable » du Pays de Liège n'est
pas souvent appréciée...
A la fin de l'Ancien Régime, en octobre 1774, le château est même envahi
par la populace de la ville. Très excités, ces Rochefortois pénètrent de
force dans la place, cassent une porte, veulent envahir les appartements
du comte, d'où ils sont repoussés...
Le Service de l'Archéologie de la Région Wallonne organise des
chantiers de fouilles sur le site depuis l'été 1991.
Des éléments défensifs de ce qui fut probablement la première enceinte
du Château sont progressivement mis au jour et restaurés pour les
rendre accessibles au public. On peut ainsi visiter un ensemble
militaire particulièrement soigné des XIIIe et
XIVe siècles.
Lieu privilégié pour la défense (éperon barré), le site du château
comtal de Rochefort a dû être occupé de tous temps.
C'est en 1155 qu'on trouve la première mention du château, mais il a
pu exister dès le XIe siècle.
De ce château, tenu par la famille des Montaigu, on sait très peu de
choses : les fouilles ont fais apparaître les fondations du donjon de
plan carré et le puits. Passant des Montaigu aux Duras, puis aux
Walcourt, aux la Marck, aux Stolberg, le château - le plus grand de
Famenne - était capitale d'une terre, d'un comté relevant du comte de
Luxembourg et de l'évêque de liège.
C'est aux XVIIe et XVIIIe siècles
que le château se voit considérablement remanié : le comte de
Rochefort est aussi, à l'époque, Prince d'Empire et tient à faire de
sa forteresse (à l'aspect certainement trop rébarbatif, trop
militaire, trop désuet pour l'époque) une véritable cour princière.
Le donjon est démoli, les murs abattus ou englobés dans une
construction d'un style nouveau ; la cour noble, agrandie par
l'élévation de dix arcades monumentales.
Ce nouveau château, nous le connaissons bien par des plans et
élévations fort précis de 1746 : il est reproduit en maquette dans le
musée installé dans la tour Est du château.
Le site passe des Stolberg aux Loewenstein, puis retourne aux
Stolberg. L'arrivée des Français après la Révolution (1795) amène la
nationalisation des biens du clergé et de la noblesse.
Le château de Rochefort est administré par un représentant les
Stolberg. Celui-ci acquiert personnellement le château pour conserver
le patrimoine, mais ne peut faire face aux dépenses nécessaires à
l'entretien du bien. Il commence alors à mettre en vente les
matériaux... Le château devient une carrière.
Le site passe de famille en famille. La Maison Carrée, en brique, est
bâtie en 1840 ; le nouveau château, en style néogothique, par M.
Cousin, en 1906.
Classé en 1966 et 1971, comme site et monument, le lieu est acheté
par l'Education Nationale et cédé en jouissance à la Communauté
Française, qui entreprend de restaurer les ruines. Il est, depuis
1987, confié à la gestion de l'ASBL « Les Amis du Château Comtal de
Rochefort », qui a ouvert l'endroit au public.
L'objectif est de faire découvrir à la fois le paysage - superbe - et
les ruines, en même temps que les résultats des fouilles opérées sur
les lieux. L'endroit convient admirablement à des rendez-vous
culturels que l'ASBL s'efforce d'organiser.
Le puits était un élément essentiel dans un château : il convenait,
en effet, de pouvoir soutenir un siège prolongé tout en conservant
une alimentation en eau.
Creusé dans le calcaire et soigneusement parementé jusqu'à une
profondeur d'environ 50 mètres, le puits médiéval se situe dans le
bas-château, près des arcades. Il était sans doute défendu par une
tour, au moyen âge. Il a été récemment sondé et consolidé.
Le château possédait également une citerne et une cavité, un autre
puits médiéval, creusé dans le rocher, qui pouvait faire office de
« frigo ».
Ce puits a fait l'objet de fouilles en 1988 et 89, par l'A.R.A.S.
(Association de Recherches Appliquées à la Spéléologie).
Le matériel découvert est extrêmement riche. Une partie de ce
matériel est exposé dans le musée.
C'est, semble-t-il, lors de la modernisation du site, dans la seconde
moitié du XVIe siècle, que cette cavité fut comblée,
avec des matériaux de démolition (en fait, tout ce qui faisait trop
« gothique » pour la sensibilité de l'époque. Le nombre impressionnant
de carreaux de pavement en bon état, par exemple, tend à confier
cette hypothèse.