La cathédrale fut élevée à l'emplacement de l'ancienne église St-Jean, du
12e siècle. De l'église romane subsistent encore
quelques vestiges dans la crypte. En 1540, Charles Quint fit démolir
l'église de l'abbaye St-Bavon pour édifier le château des Espagnols. A
cette occasion, l'église St-Jean prit le nom de collégiale St-Bavon. Elle
devint cathédrale en 1561. Bâtie par étapes successives et bien que
montrant des influences diverses - éléments du gothique scaldien (le
choeur), du gothique brabançon (la tour) et du gothique flamboyant (la
nef) - la cathédrale donne une impression d'unité et de sobre élégance.
La tour, remarquable, se trouve du côté Ouest de l'église et lui sert
d'entrée, comme c'est la règle dans le gothique brabançon. De son sommet
s'offre une vue étendue sur Gand et ses environs.
L'intérieur serait plus majestueux sans la clôture de marbre néoclassique,
qui, au 18e siècle, a coupé la belle ordonnance du
vaisseau. Un peu surélevé par rapport à la nef, le choeur ou église haute,
très élancé, en pierre de Tournai, date du 14e siècle.
Il a été agrandi au 15e siècle de cinq chapelles
rayonnantes et surmonté d'un triforium. Le déambulatoire est jalonné de
colonnes de marbre et de portes baroques ouvragées. La nef du
16e siècle, en grès et brique, est sobre mais
harmonieuse avec ses gracieuses balustrades flamboyantes et ses très
belles voûtes à nervures. Cette cathédrale contient de nombreuses oeuvres
d'art dont l'extraordinaire Agneau mystique.
Dans la chapelle à gauche en entrant.
Ce polyptyque a connu bien des vicissitudes. Offert par Josse Vijd, riche
patricien gantois, il fut installé solennellement en 1432 dans la
1re chapelle rayonnante à droite du déambulatoire ; Philippe
II désira s'en emparer, les protestants voulurent le brûler en 1566,
Joseph II en fit retirer Adam et Eve qu'il jugeait choquants. Le Directoire
le fit envoyer à Paris d'où il ne revint qu'en 1815. Il fut alors amputé de
plusieurs panneaux qu'exposa le musée de Berlin. Reconstitué en 1920, il
perdit en 1934, à la suite d'un vol, le panneau des Juges intègres (en bas à
gauche) qui, depuis 1941, est remplacer par une copie. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, le polyptyque, d'abord confié à la France, fut transféré par
les autorités allemandes en Autriche où les troupes américaines le trouvèrent,
en 1945, dans une mine de sel de Styrie près d'Altaussee. Après avoir repris
sa place dans la chapelle d'origine, le polyptyque devait de nouveau être
transféré en 1986 : pour des raisons de sécurité et d'accueil, on l'exposa
dans l'ancien baptistère où il se trouve actuellement, transformé en vraie
chambre forte.
L'attribution du retable a alimenté d'innombrables discussions : est-il
entièrement de Jan Van Eyck ou bien, comme le dit une inscription en latin
placée sur le cadre du polyptyque, a-t-il été réalisé en collaboration avec
son frère aîné Hubert, dont on ne connaît aucun autre tableau ? Telle quelle,
cette oeuvre colossale ne comprend pas moins de 248 personnages. Comme c'était
le cas dans la chapelle d'origine, ceux-ci sont éclairés par une lumière
unique venant de droite, qui se reflète dans les nombreux bijoux et pierres
précieuses. L'oeuvre témoigne d'une technique et d'un style magnifiques et
illustre l'idéal chrétien du Moyen Age.
Les panneaux du registre inférieur montrent, sur un autel, l'Agneau mystique
entouré d'anges, vers lequel se dirigent, de part et d'autre de la fontaine
de vie, à gauche les Chevaliers et les Juges intègres, à droite les Ermites
et les Pèlerins, tandis qu'au fond sont rassemblés, à droite les Vierges, à
gauche les Martyrs et Confesseurs.
Le paysage est lumineux, la végétation précise : des botanistes ont identifié
42 espèces de plantes et de fleurs.
Au centre du registre supérieur trône le Christ triomphant sous les traits du
grand-prêtre, à gauche se tiennent la Vierge, des choeurs d'anges, Adam aux
orteils relevés ; à droite, saint Jean-Baptiste, des anges musiciens et Eve ;
remarquer le réalisme des personnages et la beauté décorative des broderies.
Fermés, les panneaux représentent au milieu l'Annonciation et en haut, les
Prophètes et les Sibylles. En bas, saint Jean-Baptiste, saint Jean
l'Evangéliste et les donateurs, Josse Vijd et sa femme Elisabeth Borluut.
La monumentale chaire de vérité rococo, aux statues de marbre, datant de
1741, est de L. Delvaux. Dans le choeur, le maître-autel a été exécuté par
Verbruggen dans le style baroque et représente l'Apothéose de saint
Bavon. A gauche du choeur, le mausolée de Mgr Triest (1654) par Jérôme
Duquesnoy le Jeune, auteur du célèbre Manneken Pis, frappe par
l'expression lasse du personnage.
Dans la 1er chapelle du déambulatoire à droite se trouve
le retable de Jésus parmi les docteurs (1751) par Frans Pourbus le
Vieux : y figurent nombre de personnages célèbres dont Charles Quint,
dans le coin inférieur gauche. Dans la 10e chapelle du déambulatoire, on
verra la Vocation de saint Bavon (1624), par P.-P. Rubens qui s'est peint
sous la cape rouge d'un converti.
La plus grande crypte de Flandre est construite sur le même plan que le
choeur qu'elle supporte. Un tracé de carreaux noirs limite sur le sol la
partie la plus ancienne (1150). De naïfs ex-voto des 15e
et 16e siècles sont peints sur les piliers et les
voûtes romanes de l'ancienne église St-Jean. La crypte renferme un riche
trésor : châsse d'argent de saint Macaire signée Hugo de la Vigne
(1616), évangéliaire du 9e siècle, rouleau nécrologique
retraçant la vie monastique au Moyen Age. Dans l'une des chapelles qui
abritent des pierres tombales, on admirera le remarquable triptyque du
Calvaire (1466) par Juste de Gand, oeuvre capitale de ce peintre avant
son départ en Italie. On y remarquera l'influence des Van Eyck et de Van
der Weyden (groupe des saintes femmes devant la croix). Cette oeuvre
frappe par la subtilité des coloris aux tons souvent acides.
Derrière le chevet de la cathédrale, on aperçoit le château de Gérard le
Diable (Geraard de Duivelsteen), austère demeure médiévale
(13e siècle) restaurée en profondeur au
19e siècle, qui a appartenu à un châtelain de Gand
surnommé ainsi. Il abrite actuellement les archives du Royaume. Les
statues en bronze devant le Steen ont été élevées en 1913 en hommage aux
frères Van Eyck. Sur la rotonde, à droite, se dresse la statue de Liévin
Bauwens (1769-1822).